Les coulisses de la route de la bio
et organisatrice de la Route de la Bio.
Dominique
Hervouet
RB : Dominique Hervouët, la Route de la Bio, c’est quoi exactement ?
Dominique HERVOUËT : C’est un concept évènementiel nouveau qui n’a pas son équivalent en France. Pour bien comprendre, ce n’est pas une campagne de communication, ce n’est pas non plus une route touristique, et on ne peut pas la qualifier uniquement de tourisme d’entreprises. En fait, cela va bien au-delà de tout cela. La Route de la bio c’est un évènement inédit, assez proche finalement d’une saison culturelle puisqu’elle est éclectique dans sa composition et se déroule sur 12 mois.
C’est une programmation évènementielle informative, et pédagogique destinée à apporter un éclairage concret sur le bio, et à aider chacun – consommateurs comme professionnels- à mieux identifier à proximité de chez eux l’ensemble des acteurs locaux : producteurs-transformateurs, artisans, TPE, PME familiale, associations, collectivités, qui agissent au quotidien pour une alimentation saine et durable, des cosmétiques et compléments alimentaires respectueux de notre corps, tout en agissant concrètement en faveur de la protection de la biodiversité et d’une planète préservée. Il s’agit autant de vulgariser le bio que de resserrer les liens entre les entreprises locales et les consommateurs ligériens, les acheteurs tout circuits de distribution confondus, les collectivités.
RB : Par qui cette programmation est-elle organisée ?
DH : Elle est organisée par l’association EBPL (Entrepreneurs Bio des Pays de la Loire) à travers son label engagement « Mon Bio Pays de la Loire ». La Route de la Bio bénéficie du soutien de la région, l’état et du CIC Ouest. Parmi nos partenaires en visibilité notons : Interbio des Pays de la Loire, les GAB (Groupements d’agriculteurs biologiques), le CIC Ouest, la Communauté de communes du Pays de la Chataigneraie, la ville de la Chataigneraie, le magasin coopératif Scopéli, l’association Bioconsom’acteurs, l’association Bio Loire Océan, et LPO. Mais cette liste n’est pas exhaustive, puisque nous allons sur cette première édition continuer à mobiliser les magasins, les collectivités locales et les acteurs du développement durable, de l’économie sociale et solidaire. Nous avons besoin de partenaires en visibilité tout autant que de mécènes ou de sponsors.
RB : Cette saison culturelle du bio s’appelle « Route de la bio », pourquoi « LA » bio ?
DH : « Route » sous-entend une invitation au voyage, à la rencontre à la découverte, à l’exploration, à des escales aussi.
« La Bio » signifie d’abord l’Agriculture biologique, la filière bio, mais aussi la biodiversité, la biologie, et on peut aller aussi jusqu’à la Biographie des entreprises puisqu’il s’agit aussi de découvrir qui elles sont, leurs histoires, leurs parcours, leurs évolutions et leurs actions, leurs démarches notamment en responsabilité sociales et environnementale (RSE).
RB : Pourquoi un tel évènement ?
DH : La Route de la bio a été pensé en octobre 2019, bien avant l’effritement de la consommation du bio amorcé en 2021 – en raison de la baisse du pouvoir d’achat provoqué par le covid et la crise énergique conséquence directe de la guerre en Ukraine – ; confirmé en 2022 (-12 %) et qui se poursuit en 2023 même si les indicateurs semblent faire apparaitre une stabilisation du phénomène.
Face à ce contexte, les entreprises bio des Pays de la Loire ont plus que jamais besoin de renouer le contact avec les habitants de leur territoire, mais aussi avec les distributeurs, collectivités, commerçants qui distribuent leurs produits ; de raconter leur histoire, d’expliquer leur démarche, et de faire comprendre comment son élaborer leurs produits en local et en quoi le fait qu’ils soient bio est une vraie valeur ajoutée.
La grande confusion qui existe aujourd’hui concernant le label Bio et la profusion de messages contradictoires rendent nécessaire un nouvel éclairage, loin des injonctions et des discours culpabilisants. La Route de la Bio arrive au moment où il devient nécessaire d’expliquer concrètement ce qu’est le Bio. Elle va donner des clés de compréhension, susciter l’échange, le débat autour des enjeux alimentaires auxquels sont liés les enjeux climatiques, de l’eau, de gestion des sols, et des enjeux de santé.
RB : À qui s’adresse cet événement ?
DH : La Route de la Bio s’adresse à tous les ligériens : les consommateurs de 5 à 99 ans, mais aussi à tous les professionnels : magasins bio, et non bio ; élus, gestionnaires et chefs de cantines scolaire, d’entreprises, d’établissements de soins (hôpitaux, cliniques, ehpad, IEM, IME, établissements post opératoires) ; professionnels de santé et paramédicaux (naturopathes, diététiciens, nutritionnistes, dermatologues…) ; responsable de restaurants, cafés, hôtels…
RB : Que va-t-on trouver dans cette ROUTE DE LA BIO et quels sont les attendus ?
L’objectif est d’apporter à chacun – enfants comme adulte, néo consommateurs, bio sceptiques ou en découverte, voir des consommateurs avertis du bio qui peuvent se mettre à douter – des réponses concrètes aux questions qu’ils se posent, en leur donnant à voir, à comprendre, et d’agir.
Parmi les grands sujets qui seront abordés :
1. Les labels : Le label AB (Agriculture Biologique) c’est quoi au juste ? En quoi est-il plus rigoureux que le label Euro feuille, ou de nouveaux label qui font débat comme HVE ? A quoi correspondent les labels équitables Agri-étique (pour la France), et les labels Fair For life ou Fairtrade Max Havelaar (pour l’étranger) ? Quelles sont les exigences portées par les labels Bio cohérence, Biodynamie Déméter, et dans les cosmétiques : Cosmébio, Cosmos, Slow cosmétiques, entre autres ?
2. L’accès du plus grand nombre à des produits de qualité bio et locaux : Entre Bio ou local que faut-il choisir ? Comment rendre une alimentation de qualité accessible à tous y compris pour les personnes en précarité ? De quelle manière réduire le gaspillage alimentaire, et comment les entreprises agissent elles dans cet objectif ?.
3. Les alimentations alternatives, et la manière dont on peut s’en emparer : alimentation végétale, sans gluten, sans lactose, sans œuf. De quelle manière peut s’effectuer un rééquilibrage alimentaire. Quels sont les bienfaits du Kombucha, du Kéfir, du Skyr, du Ghee, de l’Aloé Vera sous sa forme jus et gel à boire ?
4. Mais aussi sur les grands enjeux de l’eaux, de la biodiversité et de la santé.
Pour toutes ces questions abordées en conférence, tables-ronde, exposition ou atelier, nous favoriserons les regards croisés d’un expert reconnu dans son domaine, des acteurs concernés et engagés (producteurs, entreprises, association, collectivités) et le public venu prendre part à l’échange : consommateurs comme professionnels.
RB : Le logo comme L’affiche de la Route de la bio sortent des codes habituels de la communication du bio, pourquoi ce parti pris ?
DH : La Route de la Bio est un concept nouveau. La construction de l’univers graphique, et notamment le choix de l’affiche était un véritable défi à relever. Fidèle aux valeurs portées par les entreprises bio des Pays de la Loire, nous avons fait appel à des graphistes locaux.
Nous avions besoin d’un logo sobre mais qui marque les esprits et soit porteur de sens ; et de la création d’une affiche qui attire le regard, séduise toutes les générations, et dont on se souvienne.
Céline Devorsine, graphiste indépendante (Sel & Caramel, au Pellerin, Loire-Atlantique) a su proposer une identité visuelle dotée d’une personnalité puissante. Elle a ensuite installé le principe du bandeau vertical – qui accompagne notamment l’affiche- comme marqueur visuel.
La conception de l’affiche représentait un vrai défi.
La difficulté était d’illustrer à la fois l’univers des entreprises de transformation entre fabrication, conditionnement, stockage ; les produits élaborés au plus près de la naturalité des matières premières issues d’une agriculture locale ou d’importation. Le tout sans oublier l’engagement fort des acteurs locaux en faveur de la protection de la biodiversité.
Nous voulions par ailleurs une affiche qui raconte une histoire, qui nous embarque dans un univers graphique harmonieux, foisonnant et déclinable sur l’ensemble de nos outils.
Notre choix s’est rapidement porté sur un traité illustratif, dans l’esprit des Machines de l’Ile, ou des carnets de voyage, avec l’ambition de proposer une affiche collector, avec le choix d’un artiste local qui serait chaque année différent, et qui apporterait une personnalité nouvelle à chaque saison.
Nous avons fait la très belle rencontre d’Isabelle Métayer, illustratrice, carnettiste, Rezéenne (Loire-Atlantique), passionnée de voyage, sensibilisée à l’écologie. Elle signe les très belles illustrations au trait et à l’aquarelle de l’affiche, avec des éléments réalisés indépendamment afin de pouvoir vivre par eux-mêmes au grès des supports de communication à réaliser. Le résultat devrait marqué les esprits, et nous l’espérons donner à chacun l’envie de partir à la rencontre de la Route de la Bio.
RB : La Route de la Bio ce n’est pas juste pour un an ?
DH : Non, notre ambition est de reconduire la programmation annuelle d’une année sur l’autre. Nous voulons créer un véritable lien qui s’installe sur la durée. Nous avons dans nos cartons la création d’un carnet de recettes originales ou étonnantes ; d’un Trivial Pursuite ROUTE DE LA BIO ; ou bien encore la création d’une émission télé/audio consacrée à l’actualité de la bio et de ses acteurs.